Découvrez le Nouveau-Brunswick
Par Dominic Labbé | Jeudi le 30 novembre 2000
Contrairement à ses voisins la Nouvelle-Écosse et le Québec, le Nouveau-Brunswick a une histoire numismatique plus limitée. Néanmoins, elle n’en demeure pas moins intéressante. La taille de la population et le développement plus tardif de cette province sont deux facteurs qui expliquent ce phénomène.
Comme bien des colonies nord-américaines, les premières monnaies ne sont pas locales, mais bien étrangères; pensons aux monnaies britannique, mais surtout espagnoles, puis plus tard, américaines. Les besoins en monnaie de cuivre étaient couverts par les pièces de la Nouvelle-Écosse qui venaient des échanges via la Baie de Fundy.
Trois seules pièces anonymes sont connues, ce qui est peu en regard des nombreux jetons que le Bas-Canada a connu, par exemple. Les deux premières pièces sont des jetons ressemblant à ce qui se faisait ailleurs. Le jeton Br913 portait le slogan « For public accomodation « autour d’un bateau et St John New Brunswick. L’avers est le même qu’un jeton du Bas-Canada, le Br533 et plusieurs jetons britannique. En fait, il s’agit d’une matrice standard. Cette pièce est relativement courante. La seconde est une pièce très rare, connue à deux exemplaires, et porte le nom St John’s. L’orthographe erronée de la capitale explique qu’elle n’a pas dépasssée le stage de projet. Les deux pièces datent des années 1830.
La troisième pièce a un statut douteux et ne serait qu’une carte d’affaires métallique. Néanmoins, elle est souvent collectionnée dans la série coloniale. Il s’agit du jeton McDermott, importateur de marchandises européennes. Cette pièce est rare.
Jetons gouvernementaux
Malgré le fait que le « Colonial Office » de l’époque, n’était pas enclin à permettre l’émission de pièces par les Colonies britanniques, le Gouvernement Provincial alla de l’avant avec un projet qui devait voir le jour en 1843. Ce projet fut par la suite « officiellement annulé « par le Gouvernement Provincial en raison du risque, mais les pièces trouvèrent leur chemin jusqu’en circulation.
La pièce produite allait présenter un magnifique bateau inspiré de l’Albion, selon plusieurs et la reine Victoria. La dénomination montre bien le statut incertain de la pièce et se lit « One Penny Token « ou « Half Penny Token «. Les deux pièces sont généralement courantes et on compte plusieurs variétés, principalement dans les cordages. On frappa 480,000 pennies et 681,600 demi-pennies, ce qui représentait pour l’époque une quantité considérable de pièces, soit une valeur totale de 3,420 livres.
Le gouvernement récidiva en 1854, mais cette fois-ci avec la bénédiction du « Colonial Office ». On reprit le même bateau, mais avec une effigie différente de la Reine. La dénomination montre bien le caractère légal de l’opération, remplaçant token par currency. On ne parle donc pas d’un jeton, mais bien d’une monnaie pré-décimale. On frappa 480,000 pennies et autant de demi-pennies, presque vingt ans après la première émission, ce qui est justifié par la taille considérable de la première émission.
Monnaie décimale
Comme ses consoeurs canadiennes, le Nouveau-Brunswick allait s’aligner sur le système décimale, plus près de la réalité nord-américaine que le système sterling. On allait donc devoir préparer des pièces pour cette conversion. Cinq dénominations seront émises, soit la demi-cent, le 1, 5, 10 et 20 cents
.La pièce de 1 cent fut une erreur et n’aurait pas dû être créée. Le système monétaire de la Nouvelle-Écosse justifiait cette pièce, mais celui du Nouveau-Brunswick n’avait pas ce besoin. On note que plus de 200,000 pièces furent frappées pour 1861, mais la plupart furent fondues, les autres étant probablement livrées en Nouvelle-Écosse. On frappa 2 millions de pièces de 1 cent, la moitié en 1861 et l’autre moitié en 1864. La deuxième année compte deux variétés, soit avec le 4 de la date court ou allongé, les deux variétés aussi courantes l’une que l’autre.
Quant aux pièces en argent, on frappa 200,000 pièces de 5 cents divisées en deux émissions, soit 1862 et 1864, avec à nouveau une variété en 1864 avec un petit ou un grand 6. On frappa des 10 cents les mêmes années, au nombre de 300,000 cependant. On connaît une variété où le 2 est surfrappé. Enfin, 300,000 pièces de 20 cents furent émises, sans variété notable. Toutes ces pièces en argent sont assez rares et commandent un prix élevé.
Billets gouvernementaux du Nouveau-Brunswick
Le Nouveau-Brunswick a émis des billets au début du 19e siècle, billets dont un seul exemplaire est connu aujourd’hui.
Deux émissions de bons du trésor se sont succédées en 1805 et 1807, la première année avec des coupure de 4, 6, 8, 10 et, ainsi que des billets de 1, 2 et 4 dollars. Ces émissions furent remboursées en or avec des intérêts. Un billet de 1 dollar 1807 est le seul exemplaire connu. Il réside dans un musée provincial.
La ville de St Jean a aussi émis des billets, aujourd’hui très rares. Une première série en 1821, avec des billets de 6 pence, 1 shilling et 3 pence et 2 shillings, alors qu’en 1836 on émit des billets de 2 et 4 shillings. Tous ces billets sont rares et valent quelques milliers de dollars chacun.
Banques du Nouveau-Brunswick
Si les billets gouvernementaux sont rares, les billets des banques à charte sont plus courants. Plusieurs banques du Nouveau-Brunswick ont procédé à l’émission de papier-monnaie durant le 19e et le début du 20e siècle
.La plus connue est assurément la « Bank of New Brunswick » qui fut fondée en 1820 et qui fusionna en 1913 avec la « Bank of Nova Scotia ». Elle en émis plusieurs au cours de son histoire, la plupart étant plutôt rares. En date de 1989, on ne comptait qu’une trentaine de milliers de dollars en circulation. Les billets sont aujourd’hui remboursables par la Banque du Canada.
La « Central Bank of New Brunswick » eut une moins longue histoire. Elle a duré une vingtaine d’années, soit de 1834 à 1866. Elle a comme particularité d’avoir été la première au Canada à imposer la double responsabilité à ses actionnaires. La banque émis quelques billets durant sa courte vie, lesquels sont pour la plupart très rares.
Une petite banque opéra pendant quelques années au Nouveau-Brunswick, soit la « Charlotte County Bank » de St-Andrews. Elle fut ouverte de 1825 à 1860 et émis quelques billets assez rares.
Une petite banque, nommée « City Bank », opéra à St Jean de 1836 à 1839, années où elle fusionna avec la « Bank of New Brunswick ». Ses billets sont toujours remboursables aujourd’hui et sont particulièrement rares.
St Jean connut une autre banque de courte durée, soit « The Commercial Bank of New Brunswick » qui opéra de 1834 à 1868. Cette banque a émise plusieurs billets durant son existence. Elle a absorbé la « Bank of Fredericton » qui avait opéré de 1836 à 1839.
«La Eastern Bank of Canada » eut une vie encore plus courte, n’ayant même pas ouverte ses portes en raison de la crise économique de 1929. La banque avait reçu sa charte l’année précédente mais ne put l’utiliser. Des épreuves de billets avaient été préparées, mais ne furent pas mis en production.
Un autre banque eut une vie courte et mouvementée, « The Maritime Bank of the Dominion of Canada » qui opéra de 1872 à 1887 et qui fit faillite malgré l’aide américaine. « The People’s Bank of New Brunswick » a connu du succès au point où elle fut absorbée par la Banque de Montréal qui y a trouvé une occasion de s’établir dans cette province. La banque opéra de 1864 jusqu’en 1907 où elle changea de bannière.
« The St.Stephen’s Bank » a eut une cheminement ressemblant à la précédente. Une petite banque locale absorbée par une plus large, soit la « Bank of British North America », aujourd’hui fusionnée avec la Banque de Montréal. Elle fut en opération de 1836 à 1910.
Finalement, la dernière banque à avoir émis des billets est « The Westmoreland Bank of New Brunswick », une petite banque de « Bend of the Pettitcodiac (Moncton) » dont les billets sont peu coûteux, n’étant pas remboursables aujourd’hui en raison de la faillite. Elle fut en fonction de 1854 à 1867.
Monnaie décimale et billets
La présence du Nouveau-Brunswick dans la monnaie décimale canadienne est très limitée, se résumant au 25 cents 1992. On y retrouve une magnifique représentation d’un pont couvert. Cette pièce a la particularité d’avoir une variété en frappe monnaie, pièce qui est rare, sans toutefois être introuvable.
Quant aux billets, on ne trouve la marque du Nouveau-Brunswick que sur des vieux billets où l’on trouve le nom St John comme lieu de remboursement des billets du Dominion.
Jetons modernes
Enfin, on retrouve quelques jetons et billets de marchands du Nouveau-Brunswick et, bien sûr, des jetons municipaux. Comme au Bas-Canada, la crise de 1837 a donné naissance à des billets de marchands au Nouveau-Brunswick. On peut citer Benjamin Smith de St Jean et Williams & Connell de Woodsctock. Plusieurs municipalités ont émise des pièces durant les années 80 et le début des années 90, dont St Jean, St Andrews et Woodstock..
Conclusion
On voit donc que la numismatique du Nouveau-Brunswick n’est pas très volumineuse, mais elle demeure très intéressante. Le Congrès 97 de l’A.C.N., qui se tient à Moncton, donnera l’occasion aux collectionneurs de faire l’acquisition de pièces ou billets reliés au Nouveau-Brunswick et ainsi débuter ou poursuivre une thématique provinciale des plus captivantes. Je vous invite à consulter un excellent ouvrage en anglais, « Coins of New Brunswick », de Richard Bird. On peut emprunter ce livre de la Numismathèque
Sources
- Coins of New Brunswick par Richard Bird
- Articles de Jean-Pierre Paré dans le Numismate
- The Charlton Standard Catalogue of Canadian Bank Note., Charlton Press
- The Charlon Standard Catalogue of Canadian Government Paper Money, Charlton Press
- The Standard Catalogue of Municipal Tokens, Serge Pelletier, Éditions St-Éloi
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