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Quand l'argent parle

Par Banque du Canada    |   Lundi le 1 décembre 2008

Les objets que différentes cultures ont utilisés comme monnaie au fil des âges sont très révélateurs de ce qui avait de la valeur pour ces peuples, tant au propre qu’au figuré. De plus, ils en disent long non seulement sur la complexité et la prospérité de leur économie, mais aussi sur leur organisation politique, leur expression artistique et leurs croyances religieuses. Dans les sociétés primitives, les instruments d’échange sont des objets prisés pour leur utilité : le sel, parce qu’il permet de conserver les aliments; les fourrures, parce qu’elles font office de vêtements et de couvertures; les coquillages et les perles, en raison de leur fonction ornementale. Les outils et les armes sont aussi largement employés pour commercer. Avec le temps, les gens aspirent cependant à des modes de paiement plus commodes et économiques, et c’est alors que l’argent se met à évoluer vers sa forme plus symbolique, quoiqu’il conserve souvent, dans ses apparences, un lien avec ses origines foncièrement concrètes.

L’apparition des pièces de monnaie, au VIIe siècle av. J.-C., marque un tournant décisif. En effet, ces pièces de poids et de composition uniformes, en plus de faciliter les échanges, s’avèrent un moyen de communication des plus efficaces à une époque où la majorité des gens ne savent ni lire ni écrire. Les chefs d’État et les monarques se rendent vite compte qu’en battant monnaie à leurs insignes, ils disposent d’un outil de propagande précieux – usage qui d’ailleurs perdure de nos jours. Les pièces en circulation sur un territoire, et souvent bien au-delà de ses frontières, font rayonner la puissance politique et économique de ceux qui les ont émises.

Au IVe siècle de notre ère, après que l’empereur Constantin se fut converti au christianisme, des symboles chrétiens se substituent aux images des divinités qu’arboraient jusque-là les pièces romaines. Au VIIe siècle, alors que l’islam prend son essor, des versets du Coran sont estampés sur la monnaie arabe à la place des représentations de personnages et d’animaux, marque d’une interprétation stricte des écritures, qui interdisent la gravure d’images figuratives. Aujourd’hui encore, on trouve sur beaucoup de pièces et de billets des signes inspirés du sacré.

Gold solidus

La qualité des espèces en circulation est aussi indicative de la santé économique de l’émetteur. Ainsi, des pièces de fabrication médiocre ou qui sont altérées dénotent des difficultés financières ou politiques, tandis qu’une monnaie métallique qui reste d’égale pureté sur une longue période est associée à une économie florissante. Le solidus d’or, d’abord mis en circulation sous Constantin, demeurera la principale monnaie d’échange dans l’Empire byzantin pendant plus de 700 ans.

Le penny d’argent, frappé par le roi Offa de Mercie au VIIIe siècle, est copié partout en Europe et devient l’étalon monétaire du monde médiéval anglo-saxon.

Le ducat d’or des grandes cités-États italiennes de Venise et de Florence domine les transactions financières pendant la Renaissance. Au XVIIIe siècle, le réal espagnol est le principal moyen d’échange dans une bonne partie du monde et servira de modèle aux dollars américain et canadien. Au XIXe siècle, ce sera au tour du souverain britannique de présider aux transactions commerciales du globe.

Canada, The Bank of Saskatchewan, $5, 1913, specimen

Une ère nouvelle s’amorce avec l’avènement du papier-monnaie en Europe au XVIIe siècle. Représentatifs à l’origine de l’or et de l’argent détenus par les institutions bancaires, les billets se révèlent un mode de règlement si pratique et économique qu’ils supplantent progressivement les pièces de monnaie pour les transactions de grande valeur.

La monnaie de papier a par ailleurs l’avantage d’offrir aux autorités émettrices une surface beaucoup plus grande pour communiquer avec les citoyens : outre les mots et les images emblématiques de l’émetteur, les scènes et les personnages allégoriques évocateurs de l’industrie et du commerce deviennent des thèmes courants des billets de banque, notamment après la révolution industrielle.

Au XXe siècle, l’émission de pièces et de billets distinctifs et porteurs de symboles nationaux revêt une importance de premier plan pour les États nouvellement indépendants qui souhaitent exprimer leur souveraineté. Encore à notre époque, les images qui embellissent les pièces de monnaie et les billets de banque véhiculent les valeurs d’une société et proclament la fierté du peuple, tout en reliant le présent au passé.

Cet article représente une partie de la publication nommée Si l'argent m'était conté - La collection nationale de monnaies du Canada de la Banque du Canada

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