Mon père a reçu ce message de la part de son frère, mon oncle Normand, début octobre, message accompagné d'un scan du chèque.
La co-op, c'est une coopérative à Saint-Ubalde, dans Portneuf.
Jean-Baptiste, c'est mon oncle, marié à la soeur de mon père.
Et Émile, c'était mon grand-père côté paternel, décédé fin des années '80.
Mis au courant de mon intérêt pour ce genre de document, mon oncle Normand l'a amené à mon père afin qu'il me le remette.
J'ai donc reçu début novembre, 1 mois après sa découverte, le chèque de 83,34$ émis en 1956 à l'ordre de mon grand-père, Émile Perron. Comme le chèque fut endossé, j'ai la signature de mon grand-père à l'endos.
Folio #1.
Excellent état.

J'avais déjà quelques chèques du genre, mais là, d'en avoir un en lien direct avec ma famille, j'étais totalement excité!
J'ai écrit à mon oncle Normand pour le remercier, lui dire que j'étais très content d'en hériter, et lui promettre que ce chèque ne serait jamais à échanger (patrimoine familial!), et il m'a répondu qu'il croyait qu'il était entre bonnes mains et qu'il serait bien conservé ainsi.
C'était le 3 novembre dernier, et on ne savait pas que ce serait notre dernière conversation.
62 ans.
"Un autre qui meurt en bonne santé!", laisse tomber mon père.
Trop vrai.
Lui et ma tante devaient être parmi nous ce 24, mais ma tante sera venue seule, 4 jours après la perte de son mari. Mais détrompez-vous, ce fut étrangement une soirée fort agréable.
Intense, sans être mélancolique.
Une belle soirée où il se dit des choses importantes, fondamentales.
Et moi je regarde mon chèque, qui était déjà si précieux à mes yeux.
Il prend une autre signification...
Une autre dimension...
De la valeur. C'est ça. Au sens le plus noble qu'on puisse lui donner.
Les derniers mots que mon oncle Normand m'aura écrits mentionnaient à quel point ils étaient heureux pour nous deux, parce que la grossesse de ma blonde se déroule à merveille (eh oui!, une petite loutre pour la mi-janvier...).
Sa dernière phrase à propos de notre futur bébé était: "C’est un beau cadeau de la vie".
Et oui, je ne peux m'empêcher présentement de penser que c'est pour ça que notre soirée de Noël fut aussi agréable, malgré les circonstances.
Que c'est pour ça que nous ne sommes pas complètement tristes et atterrés.
Que c'est aussi pour ça que mes parents, bien qu'ils se démènent pour aider cette famille endeuillée comme ils en ont épaulées tant d'autres, semblent cette fois jouir d'une alliée invisible, une force que rien n'ébranle.
Une force qui tient dans le ventre de ma blonde, et qui m'a prouvé ce soir, avant même d'être née, que la vie est plus forte que la mort.