Le Canadian Coin News en avait parlé à l’été 2008 (Vol.46 no.5 june 24 to july 7, 2008 + Vol.46 no.10 september 2 to 15, 2008). On faisait alors mention d’une mise à l’encan de 33 pièces d’or et de 789 pièces d’argent issues de ce « trésor ».
On sait déjà qu’en Nouvelle-France on utilisait différentes monnaies pour pallier l’absence d’une monnaie locale. Un aspect intéressant des pièces récupérées dans l’épave de l’Auguste, c’est qu’on a l’assurance que ces pièces ont déjà circulé en Nouvelle-France.
Bien que celle que je me suis procurée soit passablement usée (poids de 14,4 grammes), plusieurs pièces furent retrouvées dans un état remarquable.
Voici des images des 2 côtés de ma pièce :
Si vous voulez voir à quoi ressemble un 8 reals en bon état :
http://www.coinsite.com/content/cdanswe ... Pillar.jpg
http://www.coinsite.com/content/faq/8Re ... Pillar.asp
Les pièces provenant de l’épave de l’Auguste sont accompagnées d’un certificat d’authenticité :
Voici, en traduction libre, ce qui est incrit sur le certificat d’authenticité:
« Le 15 novembre 1761, l’Auguste de Bordeaux fut coulé par une tempête au large des côtes de la Nouvelle-Écosse. L’Auguste transportait 121 aristocrates et militaires français déportés de leurs maisons canadiennes vers la France au terme de la Guerre de Sept-Ans opposant la France et l’Angleterre. Les passagers devaient transporter leurs avoirs sous forme de pièces d’or et d’argent. L’Auguste était un bateau marchand, un corsaire français capturé par les Britanniques. Après la conquête des Plaines d’Abraham par les Britanniques, le bateau fut réquisitionné pour déporter soldats et officiers du Québec vers la France. Ses passagers allaient du riche haut-gradé au simple soldat sans le sou. Bien qu’on alléguait les retourner dans leur mère-patrie, la majorité d’entre eux étaient nés à Québec et n’avaient jamais vus la France. L’Auguste est un exemple de « savings hoard » (butin composé des économies personnelles de plusieurs propriétaires), des pièces de monnaie de grande qualité récupérées après plusieurs années, dans ce cas-ci des économies de toute une vie d’officiers bien nantis déportés de la Nouvelle-France.
Pendant les 200 années suivantes, l’épave de l’Auguste a échappé aux chasseurs de trésors, mais en 1977, elle fut retrouvée en eaux peu profondes le long de la baie d’Aspy et fut partiellement explorée sous supervision gouvernementale. En 2000, un nouveau groupe de sauveteurs et d’investisseurs, connu sous le nom de « Auguste Expedition LLC », a obtenu un permis gouvernemental pour poursuivre l’exploration de l’épave. L’équipe entreprit son expédition de recherches à l’été 2001, recherches qui se poursuivirent lors des étés suivants et au cours desquelles des milliers de pièces de monnaies et d’artéfacts furent récupérés. »
D'ailleurs, la MRC a frappé en 2007 une pièce pour souligner les 30 ans de la découverte de l’épave :
http://www.colonialacres.com/cgi-bin/di ... _GoldLouis
Et pour les curieux, en voici une à vendre sur le net:
http://www.monticellocatalog.org/121011.html
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Pour ceux qui aimeraient en apprendre davantage, voici 2 extraits racontant plus en détails le contexte historique et les circonstances ayant mené au naufrage de l'Auguste.
D'abord, tiré de :
http://www.mcccf.gouv.qc.ca/fileadmin/d ... France.pdf
pages 109 à 111
« Effet douloureux de la capitulation: l’exode, souhaité par les nouvelles autorités, des gens en vue: les aristocrates et les militaires. Surtout les militaires. Ces gens étant encore en mesure, aux yeux des Anglais, de soulever le peuple néofrançais contre les conquérants, ils sont invités à quitter le pays qui les a vus naître et vivre. Le destin de tous ces gens bascule. La population peut continuer d’habiter dans le pays où leur famille est établie depuis des générations. La déportation, – celle qui a été vécue par les Acadiens cinq années auparavant est dans la mémoire de tous – est peut-être un sort que l’Angleterre envisage pour eux. Une année plus tard, Murray semble avoir pris une décision à ce sujet: la population reste, à plusieurs conditions cependant, et les aristocrates et les militaires, gradés ou non, sont invités à quitter. Il affrète deux navires à cet effet. Il en faudra trois, finalement : Le Jeanne, le Molineux et l’Auguste, qui sont tous trois des navires français pris par les Anglais. C’est le 15 octobre 1761 que les navires quittent Québec, avec à leur bord plusieurs illustres passagers. Entre autres: Gaultier de La Vérendrye; Dejordy de Villebon, Robineau de Portneuf, LeBer de Saint-Paul et de Senneville, Raimbault de Saint-Blin, Pécau¬dy de Contrecoeur et bien d’autres partent à ce moment et ne reviendront pas. Plusieurs d’entre eux, même, n’atteindront pas les rives de France, lieu de leur destination. Si le Jeanne et le Molineux traversent l’océan sans encombre sérieux, L’Auguste fait naufrage dans une baie au nord de l’île Royale. Il y aura peu de survivants. Partis si tard l’automne, il n’est pas surprenant d’apprendre que les survivants ont rencontré d’insurmontables embûches pour retourner dans leurs villes respectives. Seul Saint-Luc de La Corne (Luc de La Corne) est revenu et le seul récit de ce naufrage vient de lui. Il n’est pas étonnant que ce passager trau¬matisé par cet affreux voyage et cet horrible naufrage par une nuit de tempête, ait voulu revenir dans sa ville en circulant par terre. Il avance donc par les terres jusqu’à Kamouraska où il traverse le fleuve pour se rendre à Québec et de là, à Montréal d’où il ne s’éloigne plus jusqu’à sa mort survenue en 1784. Cet homme énergique emploie sa force de persuasion pour conserver au peuple néofran¬çais, la fierté de sa puissance passée. »
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Enfin, , tiré de:
http://faculty.marianopolis.edu/c.belan ... guste.html
L’Encyclopédie de l’histoire du Québec / The Quebec History Encyclopedia
Naufrage de l'Auguste
AUGUSTE (L'), voilier naufragé sur les parages du Cap-Breton et portant des passagers de familles nobles de France et du Canada (16 nov. 1761).
Ce vieux navire mal équipé partit de Québec, le 15 octobre 1761. « Le chevalier de Saint-Luc de la Corne avant le départ, a écrit l'abbé Casgrain, fit des obser¬vations au général Murray sur l'inexpérience du capitaine. Au mouillage de l'Ile-aux-Coudres, l'Auguste perdit une de ses ancres et courut le risque de se briser sur les récifs. A trois reprises, le feu se déclara dans la cambuse et ne fut éteint en dernier lieu qu'après avoir consumé une partie du gaillard d'avant. La société frivole, qui donnait le ton parmi les passagers, se livrait à un dévergondage dont se montra scandalisé le chevalier. Les derniers accidents avaient détruit la meilleure part des provisions et réduit les passagers et l'équipage au biscuit sec. Une tourmente, qui dura trois jours, poussa le voilier en vue de Terre-Neuve, d'où il fut rejeté par une autre tempête sur les parages du Cap-Breton. Les matelots, à bout de forces, perdirent entièrement courage et allèrent se jeter dans les hamacs; ni supplications, ni menaces, ni coups ne les en pouvaient arracher. II ne restait plus d'autre espoir que de se jeter à la côte, en face d'une anse où se déversait une rivière. Tout le monde était accouru sur le pont et, au milieu des cris, des pleurs, des invocations, l'Auguste alla s'échouer sur un banc de sable où les vagues le renversèrent sur le flanc, emportant l'un après l'autre les infortunés naufragés et l'une des chaloupes.
« M. de La Corne se tenait accroché aux cordages, avec un de ses enfants enlacé autour du cou, quand il aperçut la dernière chaloupe, montée par le capitaine et un domestique, s'éloigner du navire. D'un bond prodigieux il s'y élança, mais perdit son enfant en voulant s'y accrocher. Un coup de mer emplit l'embarcation et la poussa sur le sable du littoral. Sept des naufragés seulement l'atteignirent : le capitaine du navire; Laforet, caporal du Roussillon; Monier, caporal du Béarn; Etienne, domestique; Pierre, domestique; Laforce, soldat; M. Saint-Luc de La Corne. Deux ou trois heures après, l'Auguste se brisa, jonchant toute l'anse de ses épaves. Sur la grève gisaient 144 cadavres, parmi lesquels le chevalier reconnut ses enfants et son frère. Leur ayant donné la sépulture, il se mit en marche pour gagner les habitations. Pendant 18 jours, il erra dans les montagnes couvertes de neige, au bord des lacs et des rivières, sans savoir où il était, sans rencontrer un seul être humain. Quelques Sauvages micmacs, faisant la chasse dans ces parages, lui fournirent des raquettes et lui indiquèrent des guides acadiens. Il fit ainsi le trajet du Cap-Breton à Québec. »
Les noms de presque tous les naufragés ont été conservés :
Capitaines : Louis-Luc-François de La Corne, Bécancour de Portneuf;
Lieutenants : Jean-Hippolyte Gautier de Varennes, Pierre Gautier ou chevalier de La
Vérendrye, Godefroy de Linctot, Saint-Paul de Senneville, de Saint-Blin, Marolle du régiment du Languedoc, Pécody de Contrecoeur;
Enseignes en pied : Villebon de Sourdis, Groschaine Raimbault, Boucher de la Perrière, de La Durantaye, de l'Epervanche jeune;
Cadets à l'aiguillette : de la Corne Saint-Luc, chevalier de La Corne de Chaptes, de La Corne Dubreuil, Senneville de Saint-Paul fils, Desjordis, de Villebon fils;
Bourgeois : Paul et François Héry, Lechelle, Louis Hervieux;
Femmes : Dames de Saint-Paul, de Mézière, de Villebon; demoiselles de Sourdis, de Senneville, de Mézière;
Autres: Delivier, négociant anglais, le second capitaine, trois officiers de l'équipage, le maître d'hôtel et le cuisinier, 8 matelots et 2 mousses; 12 femmes de bourgeois et de soldats, 16 enfants; 8 artisans ou habitants; 32 soldats.
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Source : Louis LE JEUNE, «L’Auguste», dans Dictionnaire général de biographie, histoire, littérature, agriculture, commerce, industrie et des arts, sciences, mœurs, coutumes, institutions politiques et religieuses du Canada, Vol. I, Ottawa, Université d’Ottawa, 1931, 862p., pp. 97-98.
© 2006 Claude Bélanger, Marianopolis College
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Et voilà! Si d'autres numicanadiens en ont en leur possession, je vous invite à les montrer dans ce sujet!
et merci pour ce brin d'histoire 
