newbie a écrit :Alors est-ce que le terme "GRADATION" doit être banni du langage numismatique au Canada?
Je ne ferai pas un cours d'évolution des langues ici, mais il est primordial de comprendre qu'il existe deux "référents" linguistiques, soit la
norme et l'
usage.
La norme est définie par les ouvrages de référence (dictionnaires, grammaires, etc.) et les institutions (Académie française, Office de la langue française, etc.).
Ces ouvrages ou institutions ont pour mission de définir la langue, de circonscrire ce qui est "autorisé" et d'écarter ce qui est à proscrire. C'est vers eux qu'on se tourne lorsqu'on veut valider ou infirmer l'usage d'un mot, comme c'est le cas présentement avec le terme "gradation".
À partir de là, les gens qui partagent une langue commune, ici les francophones, peuvent suivre ou non ces normes. En fait, ils vont adapter la langue à leurs besoins, à leur environnement. Observez seulement le nombre de néologismes apparus avec l'arrivée d'internet: courriel, pourriel, clavardage, webmestre, émoticônes, etc. Ce ne sont pas des inventions du dictionnaire qui ont été reprises par les francophones, mais c'est bien l'utilisation de ces nouveaux mots par des francophones qui ont amené certains dictionnaires à les recenser.
Petit exemple pratique pour distinguer norme et usage: la limite de vitesse sur les autoroutes du Québec est fixée à 100km/h. Ça, c'est la norme.
Par contre, on sait que la limite "réelle", acceptée communément, même par les policiers, tourne plutôt autour de 115-120km/h. Ça, c'est l'usage.
En somme, ce sera toujours l'usage qui aura raison de la norme, en ce sens que les francophones vont utiliser les mots comme on utilise des outils, s'ils ont besoin d'un mot en particulier, ils l'utiliseront. S'il n'existe pas, ils l'inventeront, soit par néologisme (en créant un nouveau mot), par emprunt (utiliser un mot qui existe déjà dans une autre langue), ou autrement.
Ceci dit, le terme "gradation" est grandement utilisé par les numismates francophones, avec une compréhension commune du terme.
De mon point de vue, nous n'avons aucune raison de nous priver de ce terme, dont la définition est plutôt près de ce que nous cherchons à définir, soit l'activité consistant à déterminer le grade d'une pièce.
Il est normal qu'une langue vivante comme le français ne cesse d'évoluer, de se transformer, contrairement à une langue morte, comme le latin.
Il est aussi normal pour un secteur d'activité précis, dans notre cas la numismatique, de développer un langage propre, d'adapter certains termes déjà existants pour satisfaire ses besoins. Exactement comme des outils.
Donc pour moi, le terme "gradation" est très approprié, et c'est en l'utilisant que nous le ferons vivre. Il me semble très près de la réalité et ne cause pas de problème de compréhension pour les numismates, alors pourquoi s'en priver?
Parce que Marie-Eva de Villers ne le reconnaîtrait pas?
