Collection de monnaies VS monnaies de collection
Publié : Jeu Avr 25, 2013 8:45 am
Voici la première partie du quatrième volet de mes réflexions.
Partie I. Collection de monnaies VS monnaies de collection
"La mauvaise monnaie chasse la bonne"
Loi de Gresham
Démontrée par Nicole Oresme en 1371 et analysée par Nicolas Copernic dans son traité sur la monnaie paru en 1526, on attribue aujourd'hui à Thomas Gresham la loi selon laquelle, "lorsque deux monnaies se trouvent simultanément en circulation avec un taux de change légal fixe, les agents économiques préfèrent conserver, thésauriser la bonne monnaie, et par contre utilisent pour payer leurs échanges la mauvaise dans le but de s'en défaire au plus vite."
Déjà, en 1371, Oresme avait constaté que "les mutations monétaires décidées par les autorités sont mal venues : elles détruisent la raison d'être de l'outil d'échange, à savoir une valeur constante en laquelle on peut se fier."
Pour le collectionneur d'aujourd'hui, la bonne monnaie est avant tout la monnaie d'argent pré-1967. En effet, si j'ai le choix entre une pièce de 25 cents en argent, une pièce en nickel ou une pièce en acier, je choisirais à coup sur la pièce en argent.
Si je dois me départir de pièces dans ma collection, je vais choisir de me départir des "mauvaises" pièces en premier: celles qui ne prendront pas de valeur ou celles qui vont en perdre.
Dans le contexte actuel, il est intéressant de faire un parallèle entre l'évolution de la philatélie et de la numismatique. Si l'on en croit les forums de philatélie, la lente agonie de ce hobby s'explique par les faits suivants:
- Explosion du nombre d'émissions
- Déconnection du timbre, dans une certaine mesure, de son usage postal.
- Choix d'image, trop souvent, sans aucun rapport avec le pays qu'elle est censée représenter
- Diminuation et/ou trop grand partage des adeptes
- Impossibilité pour le budget des philatélistes de suivre le rythme des émissions, encore plus difficile pour le budget des jeunes.
Et on ne parle même pas de la chute des prix...
N'est-on pas en train de vivre la même chose en numismatique?
- Il y a une explosion du nombre d'émissions
Voir mon texte sur la multiplication des pains: http://numicanada.com/forum/viewtopic.php?t=4180
(dernière intervention à la fin)
- Il y a une déconnection entre la monnaie de collection et son principal usage en tant que monnaie.
- Le choix des thèmes est effectivement souvent sans aucun rapport... tout court.
- Il n'y a pas nécessairement une diminuation du nombre de numismates mais les intérêts de ceux-ci sont plus que jamais partagés.
- Il y a une réelle impossibilité pour les numismates de suivre le rythme des émissions.
Comme dans le cas de la philatélie où l'on a fabriqué des timbres, non pas pour satisfaire un réel besoin du marché mais bien afin de faire un profit en les vendant aux collectionneurs, le monde de la numismatique est la proie d'une sur-offre de monnaie de la part de la MRC.
C'est l'apparition en numismatique de ce que les anglais appelle les manufactured collectibles, autrement dit, des objets qui sont créés pour être collectionné.
Vous avez bien lus... des objets qui sont créés pour être collectionné
Des objets dont l'essence précède une existence superflue car inutile.
À part sa valeur faciale, la monnaie de collection a t-elle une valeur?
"Coûter cher" et "avoir de la valeur", ce n'est pas la même chose... ça va souvent ensemble mais ce sont deux choses bien différentes.
Avant l'ère de l'industrialisation, le concept de valeur s'est appuyé sur le principe que la valeur (le prix) d'une marchandise dépend du travail nécessaire pour la produire (valeur/travail). Avec l'industrialisation, le concept de valeur/travail a été réfuté. En effet, cette théorie ne parvenait pas à expliquer pourquoi la bière coûte plus cher au Forum pendant un match des éliminatoires qu'au dépanneur du coin... (l'exemple est boiteux mais bon, faut illustrer le propos. Cette bière a nécessité autant de travail que celle vendue au dépanneur)
Les économistes ont donc imgaginé la théorie de la valeur subjective:
"La valeur d'une chose dépend de l'acheteur : à quel point a-t-il besoin du produit (subjectivisme personnel), combien est-il prêt à payer pour se l'offrir, quelles sont les conditions de la vente (rareté, environnement, etc.) ? La valeur découle donc de l'utilité, définie comme la capacité à satisfaire un désir, quel que soit ce désir."
C'est dans ce contexte que Jean-Baptiste Say, un économiste du XIX siècle, affirmera "qu'un objet manufacturé n’a pas une valeur parce qu’il a coûté de la peine. Il en a parce qu’il est utile."
Dans la mesure où la monnaie de collection n'est destiné qu'à être possédée et échangée entre collectionneurs, on est en droit de se demander quelle valeur auront ces pièces dans l'avenir; quelle sera leur utilité pour les collectionneurs? Quel désir viendra satisfaire ces pièces?
Il ne faut pas oublier qu'au moment de revendre des pièces, un vendeur ne profite pas de la machine de marketing utilisée par la MRC pour mousser les ventes et convaincre les acheteurs.
Si le monde de la numismatique est sur la même voie que celle qu'a suivie la philatélie au cours des trente dernières années, il y a toutefois un mince espoir. La chance des numismates, par rapport aux philatélistes, c'est qu'ils ont l'occasion de faire la différence entre la vraie monnaie et la monnaie à collectionner; Les philatélistes n'ont pas eu la chance de pouvoir distinguer quels timbres sont ceux qui étaient nécessaires et ceux qu'on a imprimé dans le but de gonfler les profits.
Est-on à une croisée des chemins où l'on va faire une distinction entre numismate et collectionneur? C'est peut-être devenu une nécessité.
Alors qu'un numismate s'intéresse à la vraie monnaie, le collectionneur collectionne de la monnaie à collectionner...
Partie I. Collection de monnaies VS monnaies de collection
"La mauvaise monnaie chasse la bonne"
Loi de Gresham
Démontrée par Nicole Oresme en 1371 et analysée par Nicolas Copernic dans son traité sur la monnaie paru en 1526, on attribue aujourd'hui à Thomas Gresham la loi selon laquelle, "lorsque deux monnaies se trouvent simultanément en circulation avec un taux de change légal fixe, les agents économiques préfèrent conserver, thésauriser la bonne monnaie, et par contre utilisent pour payer leurs échanges la mauvaise dans le but de s'en défaire au plus vite."
Déjà, en 1371, Oresme avait constaté que "les mutations monétaires décidées par les autorités sont mal venues : elles détruisent la raison d'être de l'outil d'échange, à savoir une valeur constante en laquelle on peut se fier."
Pour le collectionneur d'aujourd'hui, la bonne monnaie est avant tout la monnaie d'argent pré-1967. En effet, si j'ai le choix entre une pièce de 25 cents en argent, une pièce en nickel ou une pièce en acier, je choisirais à coup sur la pièce en argent.
Si je dois me départir de pièces dans ma collection, je vais choisir de me départir des "mauvaises" pièces en premier: celles qui ne prendront pas de valeur ou celles qui vont en perdre.
Dans le contexte actuel, il est intéressant de faire un parallèle entre l'évolution de la philatélie et de la numismatique. Si l'on en croit les forums de philatélie, la lente agonie de ce hobby s'explique par les faits suivants:
- Explosion du nombre d'émissions
- Déconnection du timbre, dans une certaine mesure, de son usage postal.
- Choix d'image, trop souvent, sans aucun rapport avec le pays qu'elle est censée représenter
- Diminuation et/ou trop grand partage des adeptes
- Impossibilité pour le budget des philatélistes de suivre le rythme des émissions, encore plus difficile pour le budget des jeunes.
Et on ne parle même pas de la chute des prix...
N'est-on pas en train de vivre la même chose en numismatique?
- Il y a une explosion du nombre d'émissions
Voir mon texte sur la multiplication des pains: http://numicanada.com/forum/viewtopic.php?t=4180
(dernière intervention à la fin)
- Il y a une déconnection entre la monnaie de collection et son principal usage en tant que monnaie.
- Le choix des thèmes est effectivement souvent sans aucun rapport... tout court.
- Il n'y a pas nécessairement une diminuation du nombre de numismates mais les intérêts de ceux-ci sont plus que jamais partagés.
- Il y a une réelle impossibilité pour les numismates de suivre le rythme des émissions.
Comme dans le cas de la philatélie où l'on a fabriqué des timbres, non pas pour satisfaire un réel besoin du marché mais bien afin de faire un profit en les vendant aux collectionneurs, le monde de la numismatique est la proie d'une sur-offre de monnaie de la part de la MRC.
C'est l'apparition en numismatique de ce que les anglais appelle les manufactured collectibles, autrement dit, des objets qui sont créés pour être collectionné.
Vous avez bien lus... des objets qui sont créés pour être collectionné
Des objets dont l'essence précède une existence superflue car inutile.
À part sa valeur faciale, la monnaie de collection a t-elle une valeur?
"Coûter cher" et "avoir de la valeur", ce n'est pas la même chose... ça va souvent ensemble mais ce sont deux choses bien différentes.
Avant l'ère de l'industrialisation, le concept de valeur s'est appuyé sur le principe que la valeur (le prix) d'une marchandise dépend du travail nécessaire pour la produire (valeur/travail). Avec l'industrialisation, le concept de valeur/travail a été réfuté. En effet, cette théorie ne parvenait pas à expliquer pourquoi la bière coûte plus cher au Forum pendant un match des éliminatoires qu'au dépanneur du coin... (l'exemple est boiteux mais bon, faut illustrer le propos. Cette bière a nécessité autant de travail que celle vendue au dépanneur)
Les économistes ont donc imgaginé la théorie de la valeur subjective:
"La valeur d'une chose dépend de l'acheteur : à quel point a-t-il besoin du produit (subjectivisme personnel), combien est-il prêt à payer pour se l'offrir, quelles sont les conditions de la vente (rareté, environnement, etc.) ? La valeur découle donc de l'utilité, définie comme la capacité à satisfaire un désir, quel que soit ce désir."
C'est dans ce contexte que Jean-Baptiste Say, un économiste du XIX siècle, affirmera "qu'un objet manufacturé n’a pas une valeur parce qu’il a coûté de la peine. Il en a parce qu’il est utile."
Dans la mesure où la monnaie de collection n'est destiné qu'à être possédée et échangée entre collectionneurs, on est en droit de se demander quelle valeur auront ces pièces dans l'avenir; quelle sera leur utilité pour les collectionneurs? Quel désir viendra satisfaire ces pièces?
Il ne faut pas oublier qu'au moment de revendre des pièces, un vendeur ne profite pas de la machine de marketing utilisée par la MRC pour mousser les ventes et convaincre les acheteurs.
Si le monde de la numismatique est sur la même voie que celle qu'a suivie la philatélie au cours des trente dernières années, il y a toutefois un mince espoir. La chance des numismates, par rapport aux philatélistes, c'est qu'ils ont l'occasion de faire la différence entre la vraie monnaie et la monnaie à collectionner; Les philatélistes n'ont pas eu la chance de pouvoir distinguer quels timbres sont ceux qui étaient nécessaires et ceux qu'on a imprimé dans le but de gonfler les profits.
Est-on à une croisée des chemins où l'on va faire une distinction entre numismate et collectionneur? C'est peut-être devenu une nécessité.
Alors qu'un numismate s'intéresse à la vraie monnaie, le collectionneur collectionne de la monnaie à collectionner...